La psychette : c’est amusant les séances à ton domicile mais je trouve que nous n’avançons pas beaucoup .
Demoral : Ha bon ? je trouve que ça progresse pas mal moi.
La psychette : Tu fantasmes toujours sur l’image mentale que tu te fais de ma personne ?
Demoral : Ben oui.
La psychette : Tu dois te libérer d’un poids.
Demoral : D’une tension, je dirais même. Vous le faîtes exprès des fois ?
La psychette : Raconte-moi l’événement le plus traumatisant de ta carrière.
Demoral : Putaing , un jour j’étais à la station et y’a un bateau qui est rentré à fond et qui s’est posé juste devant moi …
La psychette : Dolcemente, respira. Raconte au présent.
Demoral : C’est un truc de psychette ça ?
La psychette campà lu
Le corps gras d’un hollandais est exposé sur la plage arrière de la petite vedette sous mon étrave. Une entaille lui lacère la cuisse, perpendiculairement à l’os, d’arrière en avant. Une autre la taille, laissant apparaître les tissus adipeux mais pas les viscères. De la troisième à l’abdomen par contre. Sa poitrine est ouverte jusqu’aux côtes. Les cris déchirants de celle que j’identifie comme sa fiancée masquent la vue de cette peau transparente laissant apparaitre un réseau sanguin sans fin ni sang. Les pompiers arrivent, je n’ai pas plus à faire là qu’ils ne le ramèneront à la vie. Circuit de secours switché sur On, je rentre machinalement le bateau à son poste en ignorant les hurlements de la mort au loin. Le soir au restaurant, Le Boss me regarde bizarrement tout de même lorsqu’exceptionnellement je commande un dessert. Il me propose un petit calva. J’accepte. La bouteille n’a pas fini la soirée non plus.
La psychette : Tout de même !
Demoral : Vous voulez un verre d’eau vous êtes toute pâle ?
La psychette : Je veux bien merci.
Demoral : Sinon j’ai un petit remontant …
La psychette : Stupidu ! De quand date cette aventure ?
Demoral : 1997, juste avant l’armée. J’aurais dû me douter de quelque chose, chaque fois que le Boss me parlait d’un de
ses collaborateurs, c’était pour m’annoncer une catastrophe.
La psychette : Cette histoire est terrible, mais ce n’est pas toi ni la victime, ni le coupable.
Demoral : Cinq mois plus tard, ma vie s’échouait dans un hôpital psychiatrique loin de la mer. Ca vous évoque pas un truc ?
