La psychette : Ha mon p’tit marinou, il a l’air en pleine forme !
Demoral : Il cherche la forme la moins douloureuse possible de quitter ce monde.
La psychette : Mon Dieu, que t’arrive-t-il ?
Demoral : Rien.
La psychette : Comment ça rien ?
Demoral : Le Néant, ma vie est insipide.
La psychette : Le Néant c’est quand on est mort et tu m’as l’air bien vivant. Raconte moi une belle histoire.
Demoral : C’était un charter d’hiver. Je m’étais pris la tête avec la capitainerie à propos de l’emplacement que j’avais créé l’année précédente et qu’ils ne comptaient pas me renouveler. Du coup, le jour de la mise en place, ils m’ont fait patienter deux heures à l’extérieur du port. Temps qu’a mis à profit mon ami gitan que j’avais convié pour l’occasion à l’apéro, pour observer la transformation d’un type rigolo en marin légèrement agacé. Lorsque sur le douze on annonce enfin le nom de mon embarcation, je découvre que la place qu’ils m’ont allouée n’est pas qu’inaccessible, elle est hautement improbable. C’est dans ces moments que je switch Zen.
La psychette … « clignement des ses deux yeux de biche » …
Demoral : Dans ces moments là, je ne demande pas, j’ordonne encore moins. J’indique du regard du doigt, éventuellement du dos si faut pousser la chose flottante d’à côté qui gêne mes hélices, qu’il serait souhaitable d’aller dans mon sens avant d’oser me poser la question du choix mystique de l’orientation de mon bateau.
La psychette : « regard pétrifiant mais attendrissant »
Demoral : Par contre quand je crois que c’est fini , que tout est cuit mais que l’équipage du vieux cul rond du quai d’en face m’applaudit, il ne me vient qu’ une simple révérence et l’espoir que la vie n’est pas si inutile.
La psychette : Tu veux que nous reprenions les scéances à domicile ?
Demoral : Ho oui, si vous voulez je vous parlerai de mon séjour au monastère !!!
La psychette : Tu es allé chez les moines ?
Demoral : Oui. En quelque sorte. Disons puisque je ne peux rien vous cacher qu’il s’agissait plus d’un couvent mixte aux règles modernes.
La psychette : Sors ton agenda, tu m’exaspères.

Aujourd’hui, je suis heureux.