Majorque Ouest

Vautré dans le fauteuil passager, je contemple sur bâbord défiler la côte ouest de Majorque. Les jambes sont allongées, les pieds sur la console. Kamel semble kiffer le joujou que je viens de lui refiler. Ce que je viens de vivre ne vaut pas une ligne dans mon curriculum vitae. A peine quelques milles en plus à mon actif. L’heure du bilan s’impose.

Dans ma poche arrière gauche, un diplôme inutile plié en quatre alourdi mon esprit. Entre mes mains un métier en or allège mon avenir. C’est que mine de rien, autant dans l’industrie je ne me projetais pas trop, autant dans le yachtisme je dispose, après dix saisons de job d’étudiant , d’une certaine réputation dans le milieu des brokeuses cannoises.

Ces mères maquerelles dont la plupart ont visité la cabine de mon père, ce marin pêcheur devenu capitaine de yacht, m’affirment sans rire que « si je ferais des études je finirais moins con que ça ». Ma jeunesse me prive de leur rétorquer que loin de là est mon objectif. Je compte bien prouver à leurs succesexisses qu’avec moins de « c » et plus  d’ « X »,  je suis pire que lui.

L’instant est comme ces moments où je prends un peu de hauteur sur mon triste corps pour observer la situation comme si je n’y étais pas. Je suis Le Boss. Mon capitaine mène la barque. Pour compléter le tableau, alors que nous passons à terre d’un îlot prometteur en mouillages à venir, il me tend une cigarette mal roulée. Je divorce définitivement d’avec mes poumons de sportive effarouchée, je tire une longue taffe.

J’ai la révélation, Dieu est un fumeur de Mariejeanne.

La brokeuse en demande toujours plus.

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Une réflexion sur “Majorque Ouest

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