La Merendella.

(Retour à l’embarquement)

Attablés à notre sorte de carré VIP, Gérard, la psychette, mon père et moi contemplons le va et vient des vacanciers en se demandant pourquoi ils ne se mettent pas d’accord pour rester une bonne fois pour toute du même côté du port plutôt que de se croiser en un incessant ballet. L’orateur est bien entendu mon daron qui nous narre sa route du jour.

D’abord la navigation houle de face et les joies pour ses passagers de découvrir les plaisirs de l’apesanteur lorsque frappé par la vague, le bateau retombe plus vite que les corps et la plus part de leurs organes. Puis passé la Scandola, les coups de surf vent arrière qui, il est vrai, peuvent impressionner le néophyte peu habitué à pratiquer ce sport sur une planche de cent cinquante tonneaux. Surtout lorsque l’accélération prend fin dans un coup de frein provoqué par la lame précédente qui invite le navire à repartir en arrière.

L’ambiance sonore est assurée par les cris des mamans, les vomis des enfants et les alarmes de cale car, aussi luxueuse soit elle, aucune embarcation n’est tout à fait étanche. Sans oublier le ronron des moteurs qui , à ce moment précis ressemble à un râle déclinant ne demandant qu’à se taire. Et puis quoi ? Les verres du capitaine et du Boss qui trinquent à leur bonne fortune.

Alors que le soleil n’en fini plus de savoir si il se lève ou il se couche, la conversation devient des plus ordinaires.

Gérard :        Parce que tu comprends, Pôle, y’avait pas pénalty, et l’arbitre il siffle quand même.

Papa :            Ben oui, ils ont fait un arbitrage maison, quoi.

Gérard :        Non, c’est pas ça. Nous aussi on le fait quand on reçoit. C’est normal. Mais là y’avait pas pénalty, c’est éthique.

Papa :            Si tu le dis. Tiens v’la mon Boss. Il veut te causer Demoral.

Demoral :     Pourquoi moi ?

Papa :            Le Boss mon fils, mon fils le Boss.

Le Boss :       Alors c’est lui ?

Demoral :     Qui lui ?

Le Boss :       Celui qui abandonne.

Demoral :     J’ai rien abandonné, j’ai le papier mais je ne veux pas bosser à l’usine.

Le Boss :       C’est quand même dommage d’avoir fait tout ça pour rien.

Demoral :     La dernière fois que vous avez pris l’apéro en short de bain, mal rasé, au cul de votre yacht, avec un collaborateur de rang inférieur comme moi, c’était quand ?

Le Boss :       S’il vous plait patronne, veuillez servir ma tournée.

Pascale :       Qu’est ce que je vous sers mes amours ?

Gérard :        Pietra

Papa :            Casa

Le Boss :       Pietra

Demoral :     Pietra

La Psychette : Orezza.

Demoral :     (et merde. )

Le Boss :       Et vous, gente demoiselle, que faites vous dans la vie ?

La psychette : psychette.

Papa :            Ha bon, vous êtes docteur de la tête ?

La psychette : Si vous souhaitez vous exprimer ainsi.

Papa :            Et qu’est ce qu’il a, alors, mon fils ?

La psychette : Il n’a rien. Il a trouvé un truc mais ne sait pas encore s’en servir.

Papa :            Bah v’la aut’chose !!! Et vous comptez lui apprendre à s’en servir de son machin?

La psychette : Je ne vais pas vous promettre que ce sera facile tous les jours

mais il peut réaliser quelque chose de beau.

Papa :            Bon ben tout va bien alors. Pascale, qu’est ce qu’on becte ?

Pascale :       J’ai des gambas flambées au casanis.

Papa :            Une

Gérard :        Deux

Demoral :     Trois

La psychette : Une salade de brocciu frais, s’il vous plaît.

Demoral :     (et merde … )

Le Boss :       Je préférerais me joindre à vous pour le dîner mais ma cour m’attend à bord.

Le Diable est à table.

Au son des guitares :

Dieu est ailleurs.

Une réflexion sur “La Merendella.

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