Les jours où je ne rencontre pas ma psychologue sont ternes.
Aujourd’hui, qui est une période de temps acceptable pour parler d’un relatif présent, sera pourtant d’une clarté brillante car si je n’ai pas rendez vous chez elle, elle a rendez vous chez moi. Ce qui met un peu la pression quand on songe qu’à l’heure où je commence à me caresser le clavier, il me reste tout le ménage à faire.
Ma psychologue est la personne qui m’a fait comprendre et accepter que sur un pour cent de ce que représente la vie j’étais complètement trop en avance sur mon temps et carrément arriéré sur environ 99% du reste. D’ailleurs elle m’a viré. Elle m’a dit « j’en peux plus de vous, vous êtes irrécupérable, essayez donc l’aquarelle, la sophrologie ou l’apiculture » . Pour qu’elle me revienne, j’ai fait les trois. Et ce soir, attention les filles, c’est tisane dans ma cabane.
A ce stade du récit de ce que je n’ai pas encore vécu, il est bon de rappeler que je vous entends penser. Si si si ne niez pas, vous êtres toutes là à vous dire « celui là il va essayer de se la taper ». D’abord c’est pas beau de penser comme ça et je proteste véhémentement. Celles qui me connaissent savent que j’ai déjà essayé. Mais j’ai grandi et me suis assagi. A la tombée de la nuit, il ne sera question que d’art, de littérature et d’apiculture.
Oui mais …
Si je me conduis comme ça elle va succomber. Ben oui, les filles c’est comme ça. Tu fais le rigolo pour les séduire elles te recadrent, tu fais le sage elles te débauchent. Le mieux serait que je ne fasse pas mon ménage , que je ne prenne pas de douche et que je la drague lourdement pour lever toute ambiguïté.
Oui mais …
Du temps où j’étais un mauvais garçon alors qu’aujourd’hui plus du tout, j’en ai croqué dans des corsages à bouche que voulez vous des fruits défendus. Elles m’ont dit d’un ton sévère « qu’est ce que tu fais là ! » mais elles m’ont laissé faire, les filles c’est comme ça.
Mais alors …
Je suis fait comme un rat !!! Quoi que je fasse, tôt ou tard elle va me sauter dessus et tenter d’abuser de moi. Mes voisines sont toutes octogénaires, j’aurai beau crier personne ne viendra me défendre. Ca ne se voit pas à l’écriture mais là, je viens de m’absenter vingt minutes pour poser une main courante au commissariat d’à côté et récupérer un bidon d’eau bénite à l’église d’en face.
Et là, c’est le moment où je réalise qu’elle me lit.
Qu’elle me le pardonne ou non
D’ailleurs je m’en fou
J’ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou.
Note de ma psychiatre : Ben et moi ? je suis pas invitée ?
